lundi 3 mai 2010

Présentation de l'artiste


 
Originaire du Sud du Bénin, Benjamin Déguénon a grandi à Abomey. Ce lieu empreint d’histoire et riche en traditions nourrit son imaginaire mais vivant et travaillant à Cotonou, son terroir de création est son environnement : vieilles tôles, débris d’émaux colorés, fils en cuivre, ramassés dans la « jungle urbaine » puis percés, cousus, poncés, vernis et assemblés pour recréer l’espace de la toile. Les toiles ainsi créés sont des fenêtres, des portes, pour parler du visible et de l’invisible. « Elles sont porteuses de mon univers culturel, expriment mon regard empreint de scènes de vie quotidiennes de mon continent, de mon pays. » Ces toiles il les créent à partir d’objets récupérés et assemblés selon des géométries élaborées qui les mettent en valeur et les ramènent à la vie. "A travers l’artiste que je suis, se révèle l’homme impliqué dans le monde où il vit."
Puis il y a les 125. Ces voleurs que l’on punit dans une sorte de vengeance collective : brûlés vifs ; le litre d’essence 100 francs, une boîte d’allumettes 25 francs, le prix d‘une vie. 125. "Enfant, j’en ai vu de ces corps, deux jeunes du voisinage, je revois leurs parents rentrer avec ces corps calcinés pour les enterrer, des images qui m’ont heurtées, images qui me bouleversent encore."
Marqué par l’histoire de ces hommes brûlés et calcinés, il exorcise ces images qui le hantent en représentant des formes humaines calcinées, structure composée des sachets noirs en plastique brûlés et fondus articulés, entortillés sur des torsades de fer de 6, installation qui prit naissance presque malgré moi."


  
 Photos : Hermann Adjalla
Il a choisi ces supports pour leur endurance, pour mettre à l’épreuve son endurance, parce qu'il lutte avec cette matière, elle lui résiste, il se forge à son contact, elle le transforme autant qu'il la transforme, elle lui rend les coups qu'il lui assène, il sue, il crie, mais il sait qu’elle supportera le soleil, qu’elle ne va pas craindre la pluie, qu’elle transmettra sa joie et sa souffrance, ses dires, qu’elle résistera à l’épreuve du temps.

Texte de Fabiola Badoï



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